Voici un exemple d’une rapide étude de repérage thématique sur l’emploi des termes et expressions liés à la métacognition, et plus largement aux neurosciences.
La cognition, ensemble des processus mentaux sous-jacents à l’apprentissage, est étroitement liée à la métacognition, qui correspond à la capacité de réguler et de contrôler ces processus. Le rôle de l’enseignant est alors primordial : en favorisant le développement des compétences métacognitives de ses élèves, il les amène à devenir des apprenants actifs et autonomes. En effet, la métacognition est un levier essentiel pour l’acquisition de stratégies d’apprentissage efficaces, la résolution de problèmes complexes et l’adaptation aux différents contextes d’apprentissage. De plus, elle est étroitement liée à la motivation intrinsèque, à la confiance en soi et à la persévérance, des facteurs clés de la réussite scolaire.
La connaissance de ces processus et la maîtrise des gestes professionnels permettant de développer chez l’élève ces compétences est un enjeu de taille dans la formation des enseignants.
Le GT5 du CSEN
Le groupe de travail n° 5 du CESEN a pour objet de travailler spécifiquement cette question : « Métacognition et confiance en soi » : quels sont les gestes professionnels des enseignants qui permettent aux élèves de s’engager activement dans les apprentissages ? Comment changer la représentation de l’erreur dans l’esprit des élèves ?
Réseau canopé publie sur son site l’intégralité des publications du groupe de travail https://www.reseau-canope.fr/conseil-scientifique-de-leducation-nationale-site-officiel/groupes-de-travail/gt-5-metacognition-et-confiance-en-soi.html.
On y trouve notamment un ensemble de documents passionnants :
- La métacognition [pdf ]
- La métacognition : les enjeux pédagogiques de la recherche – Fiches pratiques pour les enseignants [pdf ]
- Les gestes professionnels préconisés par la recherche pédagogique internationale [pdf ]
- Les gestes professionnels favorisant les CPS chez les enfants de milieux défavorisés [pdf ]
- Qu’est-ce que le feed-back ? [pdf ]
- La compréhension à l’école [pdf]
Glossaire de la métacognition
Au mois de mai 2024, paraît le Glossaire de la métacognition, réunissant les définitions de 68 termes ou expressions relevant de ce processus. Ce guide pratique à destination des professionnels de l’éducation souhaitant intégrer la métacognition dans leurs pratiques pédagogiques en décrypte les concepts fondamentaux, offrant des clés de compréhension pour mieux saisir les mécanismes cognitifs à l’œuvre chez les apprenants. En s’appuyant sur des exemples concrets et des pistes d’actions, il permet de développer des stratégies pédagogiques favorisant le développement des compétences métacognitives, tout en tenant compte de l’influence des émotions et des biais cognitifs sur les apprentissages.
Un glossaire, pour PrimFluence est une véritable mine d’or !
Il constitue un corpus de termes et d’expressions se rapportant à une même thématique que l’on peut aisément introduire dans nos algorithmes de recherche. Ceci fait, on comptabilise les occurrences de l’usage de ces termes dans l’ensemble des écrits publiés afin de se faire une idée du volume de leur emploi par le public observé.
Ceci est d’autant plus intéressant, dans le cas qui nous occupe, que le lexique travaillé est très spécialisé et qu’on ne trouve que très peu dans le langage courant les termes qui s’y rapportent, à quelques exceptions près (cf infra).
Aussi, comptabiliser l’occurence de ces termes dans un discours témoignerait d’un réel intérêt pour la métacognition. La présence plus ou moins importante de ces termes dans les publications des influenseignants permettrait de se faire une idée de la valeur de la thématique pour cette population ainsi que pour ses lecteurs : les enseignants du premier degré.
Sans véritablement être un indicateur exhaustif de la valeur du thème pour le public ciblé, cela reflèterait néanmoins, la sensibilité à ces questions, leur importance pour les émetteurs des messages.
Le lexique
Voici les 68 termes/expressions contenus dans le glossaire du CSEN dont chacun conviendra que bon nombre sont très spécifiques.
Anticipations métacognitives – Apprentissage – Auto-affirmation – Auto-évaluation – Autonomie – Autorégulation – Biais métacognitifs – Biais sociocognitifs – But conceptuel – But de maitrise – But de performance – Cognition – Comparaison ascendante proximale – Compétences métacognitives – Capacités métacognitives – Compréhension – Compréhension profonde – Compréhension superficielle – Concept – Contenu conceptuel – Contexte de traitement – Croyance sur soi – Curiosité – Écran et compréhension – Effort – Enseignement explicite – Erreur – Exercices intercalaires – Feedback – Feedback de but – Feedback de processus – Feedback de résultat – Feedback interne – Feedback externe – Feedback sur la personne – Feedback sur la tâche – Heuristique des questions – Heuristique prédictive – Heuristique rétrospective – Image de soi – Menace stéréotypique – Métacognition – Métacognition déclarative – Métacognition explicite – Métacognition procédurale – Métacognition implicite – Métacognition située – Métacompréhension – Métamémoire – Métaperception – Métaraisonnement – Mindset – Fixed mindset – Growth mindset – Motivation – Objectif d’apprentissage – Pouvoir apprendre – Pouvoir s’évaluer – Régulation de l’effort – Représentation de stéréotype – Représentation identitaire – Sentiment d’auto-efficacité – Sentiment métacognitif – Sentiment rétrospectif – Stratégies métacognitives – Théories naïves – Vouloir apprendre – Zone proximale de développement
Les résultats
Sur 68 termes et expressions testés, seuls 18 d’entre eux ont été utilisés par les influenseignants du panel PrimFluence durant l’année 2023-24, soit plus d’un quart des termes étudiés.
Cependant, si l’on regarde de plus près les termes utilisés, on remarque deux séries intéressantes.
La première, dont les occurrences sont supérieures à 50, contient des termes dont l’usage est très courant dans l’enseignement et dont le sens ne peut être réservé à la métacognition.
La seconde série, en revanche, contient des termes dont les occurrences sont inférieures à 50, et dont le sens se réfère principalement à des concepts explicitement liés à la thématique, surtout dans un contexte exclusivement scolaire.
*Zone proximale de développement
Leur emploi témoigne de la présence du concept de métacognition, et, sans doute plus largement, de l’intégration des neurosciences dans l’enseignement. Celui-ci est revanche très rare, représentant environ 13% de l’ensemble des termes du corpus testé.
Le tableau suivant montre la valeur de chaque série relativement à l’ensemble des publications de PrimFluence sur la même période.
Il est notable de constater que même si les termes propres à la métacognition de la série 2 sont très faiblement employés, 16,83% des influenseignants de PrimFluence en ont été des utilisateurs (pour seulement 23,1% de la série 1…)
Et alors ?
En conclusion, on peut remarquer que les termes très spécifiques de la métacognition sont peu (voire pas) utilisés dans les publications des influenseignants. Cela interroge sur la place des neurosciences dans cette communauté ainsi que sur la maîtrise des concepts qui les fondent. Ces disciplines dédiées à l’apprentissage ont fait une entrée récente dans le monde scolaire et, compte tenu de la complexité des concepts, prennent du temps à être intégrées.
Cela n’est en revanche pas suffisant pour dire que ce sujet n’intéresse pas les influenseignants. Ne pas utiliser une forme de discours spécifique ne signifie pas pour autant qu’on n’est pas sensible aux concepts auxquels cette forme de discours se rapporte. Ce d’autant plus que le glossaire de la métacognition du CSEN contient de nombreux termes très spécialisés dont bon nombre ne sont pas couramment utilisés dans les ouvrages de pédagogie ou dans la formation professionnelle. Cela reste un langage de spécialistes de disciplines complexes.
Aussi, une analyse sémantique approfondie des discours portant plus particulièrement sur la pédagogie donnerait des résultats très différents quant à l’attention portée par les influenseignants aux processus d’apprentissage. Bon nombre des influenseignants sont tournés vers l’innovation pédagogique (classes flexibles, classes dehors…) ou vers des thématiques très en vogue se rapportant aux apports des neurosciences (voir les compétences socio-émotionnelles ou les CPS par exemple). Ceci montre un réel souci de comprendre comment leurs actions, et celles de leurs pairs, agissent de façon concrète sur les capacités d’apprentissage des élèves.
Enfin, n’oublions pas que les influenseignants sont avant tout des concepteurs et des partageurs de ressources. Le temps et la peine que leur coûte cet exercice, en plus de leur temps de travail d’enseignant, ne leur permet pas d’éditorialiser ou de contextualiser outre mesure leurs contenus, ce qui, par ailleurs, procède de compétences différentes.
L’évolution de l’intégration de ce vocabulaire dans les publications sera intéressante à suivre à l’avenir.
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